Réflexion de Kahiashi

Je partis très tôt du village, la brume matinale s'étendait toujours sur les vallons et les plaines de Kumo, voilant le paysage. Je n’avais dit à personne où j’allais, ou que je partais. Je voulais voir la mer. Je voulais observer l’étendue des flots sauvages qu’était l’océan.
Je descendis lentement les flancs de la montagne, profitant de la beauté figée hivernale de la nature. Je comptais atteindre assez tôt le pic le moins élevé des monts de Kumo.
J’arriva enfin à destination. Je m’avançis alors sur la corniche la plus allongée. De là, on avait une vaste vision de l’horizon. Je pouvais apercevoir en contrebas, dans la vallée, les cheminées de petits villages, crachant leur fumée. J’imaginais alors le foyer et ses habitants, réunient en famille autour du feu et d’un bon repas. Si je regardais plus loin, je pouvais voir la mer, illuminée par le soleil qui la rendait scintillante.
La pureté du paysage me rappelait celle des yeux de Fubuki, son visage, ses longs cheveux blancs et même la chaleur de ses mains. Je regardis alors le ciel.

" Sire Fubuki, vous m’avez dit avant de mourir que vous ne me laissiez pas seul, que du haut du ciel vous observeriez le spectacle de ma vie… Où êtes vous à présent ? Est-ce que vous pouvez me voir ? "

Mon cœur se serra. Pourquoi les choses s’étaient déroulées comme ça ? Pourquoi n’avais-je rien pu faire ?
Soudain, un vent léger vint carresser mon visage. Un vent doux et chaud impropre à la saison. C’est alors que je le ressentis. Le souffle de Sire Fubuki dans le vent, le souffle de sa vie. Je baissa alors la tête et des larmes coulèrent sur mes joues.

" Père… père… Vous me manquez tellement ! J’aurais tant voulu être une dernière fois à vos côtés. "

Je sentais que le vent cherchait à sécher mes larmes mais je ne pouvais m’empêcher de les laisser couler. J’avais tellement mal à l’intérieur. Je resta ici, recroquvillé et tête baissée, un long moment. Le vent doux m’entourait et m’apaisa peu à peu.

" Vous m’avez dit un jour, où je vous avais appelé père par inadvertance, que vous étiez l’homme le plus heureux du monde de pouvoir entendre ce mot de ma bouche… Je suis désolé de ne pas l’avoir redit. Mais pour moi, c’était tellement beau de pouvoir vous appeler père, que je n’y croyais pas. "

Je releva la tête et souris.

" Le jour où nous avons découvert tous les deux que ma mère fesait partie autrefois de votre clan, j’étais tellement heureux. Nous n’avions pas de lien de sang direct mais au moins, une part de mon sang coulait aussi dans vos veines.
Vous n’étiez pas mon père, mais je vous ai aimé comme tel… Je tenais à vous le dire, même si c’est un peu tard. "

Ce matin, j’avais entendu le parquet du salon grincé légèrement. J’étais intrigué par les motivations de Kahiashi de se lever si tôt. Ce n’était pas dans ses habitudes. J’entrebaillis la porte de ma chambre et le vis préparer un petit sac ainsi qu’un léger casse croute.
C’était donc ça, encore une de ses nombreuses petites fugues dans la montagne. S’il croyait que j’allais le laisser partir comme ça sans aucune assitance. Enfin, il fallait que je me fasse discret, il n’accepterait pas que je l’accompagne, comme toujours. Mais comme toujours je suivrais son ombre.
J’attendis qu’il sortit avant de me préparer en vitesse, et sortis à mon tour.

*A quoi il pense encore ? Il fait quasiment toujours nuit, le soleil se lève à peine. Enfin, s’etait pas comme si c’était la première fois qu’il me faisait le coup. *

Je le suivit alors. Décidemment il me fesait bien crapahuter. A peine avait-il entamé sa marche que je sus déjà où il allait. La «corniche de la vérité » comme il aimait l’appeler. 2 heures plus tard, il y arriva enfin. Il s’arrêta et s’assit au bout de l’avancée, comme à son habitude. Je restais en retrait et m’assis à mon tour contre le tronc d’un arbre. Je savais bien pourquoi il était venu ici… Pour parler avec « eux »… De loin je pouvais voir ses lèvres remuer. Il aimait « leur » raconter ce qu’il se passait à Kumo, ou tout simplement leur décrire le paysage qui s’étendait sous ses yeux.
Mais aujourd’hui il paraissait vraiment abatut. Je le vis se recroqueviller et être secouer de petits soubressauts. Ainsi, il pleurait. Je ne voulais pas intervertir avec ce qu’il ressentait à ce moment. Si pleurais le soulagé, alors je le laisserer pleurer.

* Kahiashi… Ne t’inquiète pas, je suis là. Et pour toujours. *

Au bout d’un certain temps il se calma. Je décida alors de m’approcher. Je m’avanca vers lui et lui posa une main sur l’épaule.

« Tu leur parles encore ? Je me demande ce que tu leur racontes perpétuellement… Tu vas finir par les emmerder. »

Soudain, je sentis une main se poser sur mon épaule. Elle me fit sursauter mais je savais, avant même d’avoir tourné la tête, à qui elle appartenait. Il n’y avait que Tokito pour s’approcher d’un adversaire sans qu’il ne le ressente.
Alors il m’avait même suivit jusque là ? Enfin, je le soupçonnais déjà depuis un petit bout de temps. J’avais toujours eu la légère impression d’être suivis. Je ne trouvais pas cela agaçant, au contraire, j’étais touché par sa prévoyance.
En tout cas c’était la première fois qu’il se montrait moi.

" Les emmerder ? Je ne crois pas non… Ils aiment bien ça tu sais. "

Je lui souris, mais en voyant son expression faussement perplexe je lui dit d’un ton bien plus sérieux.

" Arrête de te mentir !! Si tu essayais d’avouer à ton père ce que tu ressens vraiment je suis sûr que ça t’aiderait. Tu as besoin de lui dire ce que tu penses, même si c’est dur ! "

Quand il me dit sa dernière phrase, quelque chose au fond de moi me fit mal vraiment très mal. Mais ma colère pris le dessus. Je sentais mon aura meurtrière grandir. J'essayais de la contenir, mais comme d'habitude, ce n'était pas facil une fois que l'on prononcé le mot Muramassa.

" Tsss! Je n'ai rien à lui dire !! Il a vécu d'une façon vaine et stupide, à vouloir rendre tout le monde heureux. C'est impossible, il poursuivait une chimère et moi je ne suis pas comme lui. Tu n'as pas à me dire si je dois lui parler ou non. Je m'en fiche ! "

Je fis brusquement demi tour et me redirigea vers les arbres.

" Viens, tu as des choses à faire. On va pas rester là 3 heures à parler à du vent. "

Je savais quant lui parlant directement de son père il s'énerverait. La seconde suivante où j'avais prononcé mes paroles, je sentis son aura, propre à son clan, se propagait dans l'atmosphère. Mon sang se figea un court instant.
Après m'avoir renvoyait balader, il se retourna et commenca à rentré vers le village.

* Il a raison, je dois rentrer maintenant. *

Je me relevis, prenant apuie sur mes mains. J'épousseta mon pantalon qui c'était recouvert d'un fine couche de poussière. Je regarda le ciel et soupira doucement.

" Muramassa-sama, ne lui en voulez pas. Votre fils vous aime plus que tout... Il danse toujours plus fort et plus vite sur la scène de la vie pour que, du haut du ciel vous entendiez crier son nom. "

Je sourit légèrement, me retourna et partit doucement. Le vent doux me carresa une dernière fois le visage et disparut.

» Kahiashi-sensei
» Compte en banque de Kahiashi